samedi 7 juin 2014

Petit guide de santé en région tropicale... La fièvre partie 1

S'il y a une chose que l'on veut éviter mais que l'on doit prévoir quand on est en Afrique, c'est bien la maladie.  Je veux ici vous offrir un petit guide d'Auto-diagnostic pour situations de crise.  Entendez-moi bien: rien de devrait vous empêcher de consulter, au plus vite.  Quand c'est possible, il faut voir un médecin, passer des prises de sang, se traiter sur un diagnostic fiable.  Ceci étant dit, on sait tous que des centres de santé fiables, il n'y en a pas dans tous les recoins de la brousse, et parfois, on se sent bien démuni et loin de la maison.

Cet outil est adéquat pour les gens visitant le Burkina, pas pour d'autres régions.  Je me base sur la prévalence des infections dans ce pays, adapté sur les infections principales que vous risquez de croiser sur votre chemin.

Je ne m'attarderai pas sur les moyens de prévention, que vous trouverez dans tous les guides de voyage. Je veux plutôt être là pour vous en ce moment où le pire n'a pu être évité.



La fièvre

Paludisme (malaria)

La première chose à laquelle on doit penser quand on fait de la fièvre au Burkina, c'est au paludisme (Malaria).  Que l'on prenne une prophylaxie ou non.  Il serait excessivement dangereux de ne pas y penser et toute personne qui voyage au Burkina devrait toujours avoir sur elle des médicaments d'urgence, au cas où.  Particulièrement ceux qui auront décidé de ne rien prendre pour prévenir la chose.  Il y a quatre agents provoquant le paludisme: le plasmodium ovale, le malariae, le vivax, et le plus dangereux de tous, le falciparum.  Le plasmodium falciparum est le seul à entrainer, et très rapidement, une complication que l'on appelle le neuropaludisme et qui peut entrainer la mort en à peine quelques heures.  Presque tous les cas de paludisme au Burkina sont dûs au plasmodium falciparum.  Et moins vous y avez été exposé dans votre vie, plus vous serez malade.  La prophylaxie diminuera la gravité de la crise mais ne vous empêchera pas d'être atteint.  En tant que voyageur n'ayant jamais contracté le paludisme, vous êtes comme des nourrissons face à la maladie. Plus on fait de crises, moins sont graves les manifestations.  Et malgré ça, des milliers d'adultes Burkinabè en pleine forme meurent encore chaque année du palu.



Le palu est transmis par les anaphèles infectés qui nous injectent le parasite en nous piquant le soir.  Le temps d'incubation était au départ de 3 semaines, minimum, parfois jusqu'à 6 mois après la piqûres.  Mais il y a maintenant au Burkina des parasites se développant en aussi peu de temps que 5 jours après la piqûre.  Plusieurs de ces cas m'ont été relatés par des collègues médecins, travaillant avec des outils de dépistage de pointe.


Les symptômes du paludisme sont:



Ces symptômes nommés plus haut sont ceux d'un paludisme simple.  Et si je dis simple, cela ne vous empêchera pas de vous sentir comme si vous étiez en fin de vie.  Le plupart des crises de paludisme sont une expérience infernale.  Mais pas toutes et c'est pour cela que vous devez toujours vous traiter contre le paludisme en cas de fièvre si vous êtes loin d'un centre de santé proposant un dépistage par goutte épaisse (une prise de sang ou une piqûre sur le bout du doigt)

Les complications:

Le palu entre dans les globules rouges, se reproduit et fait eclater le dit globule pour pouvoir se répandre dans tout l'organisme, faisant éclater de plus en plus de globules rouges.  Ce phénomène crée évidemment une anémie que l'on pourra observer en regardant la conjonctive du patient, qui devient pâle. (partie rouge à l'intérieur de la paupière inférieure de l'oeil)  Plus il y a de globules rouges éclatés, plus la râte aura de la difficulté à se débarasser des déchets cellulaires, et elle pourra devenir grosse.  Le foie, qui participe à la dégradation de ces déchets pourra ne plus arriver à fournir lui non plus, et la bilirubine s'accumulera dans l'organisme, créant une jaunisse (peau et oeil qui devient jaune).  Les reins, obstrués par les déchets peuvent cesser de fonctionner, et on observera une diminution ou un arrêt de la fabrication d'urine.  Les globules rouges servant à transporter l'oxygène dans le corps, plusieurs organes peuvent commencer à ne plus fonctionner, il peut y avoir des difficultés respiratoires, des douleurs cardiaques, un choc organique.  La complication la plus dangereuse est le neuropaludisme qui survient quand le parasite franchit la barrière cérébrale, et un coma peut survenir rapidement.

Toutes ces complications peuvent rapidement conduire à la mort et vous devrez trouver rapidement un moyen de vous faire évacuer du pays car le Burkina n'a pas les infrastrucures nécessaires pour gérer ce genre de complications, à moins que vous ne soyez dans la capitale, et même encore.

Les traitements:

Il ne faut jamais traiter un palu avec le même médicaments que l'on prend comme prophylaxie car si vous avez le palu malgré vos anti-paludéens, c'est que votre palu est résistants à ceux-ci.  Donc quelqu'un qui prend de la méfloquine(lariam) en prophylaxie ne pourra se traiter avec cet agent, même chose avec la malarone.  Mais rien n'empêche le patient sous lariam de se traiter avec de la malarone et vice-versa.  Par contre ces traitements sont couteux et pratiquemment introuvable au Burkina.

Le traitement classique du paludisme est la quinine, si vous êtes capable de l'avaler bien sur.  Si vous vomissez, vous devrez prendre un traitement intraveineux pour vous traiter.

Pour le traitement du paludisme, la dose moyenne de quinine recommandée quotidiennement pour un adulte est 600 mg, pris 3 fois par jour après les repas, pendant 3 à 7 jours. Les doses pour enfants sont calculées selon leur poids corporel.

La quinine a des effets secondaires importants tels que l'hypoglycémie grave et les arythmie cardiaque. Quand je voyage avec mes enfants, je traine toujours un glucomètre avec moi pour prendre leur glycémie chaque heure pendant un traitement intraveineux de quinine, et je vérifie selon les symptômes pour un traitement par la bouche.  L'hypoglycémie a pour symptômes un état de nervosité, de la sudation, une perte de connaissance, des battements de cœur rapides, des picotements, de la nausée, des frissonnements et quelquefois la faim.  Le traitement est l'administration rapide de jus sucré ou de tout ce que vous trouverez à manger sous la main.

On peut aussi traiter le paludisme avec des comprimés de coartem.  Voici les posologies adultes et pédiatrique:

ADULTE
Traitement dans les régions de multirésistance et chez le malade non immunisé: 24 comprimés en 3 jours.
4 comprimés en monoprise dès le diagnostic,
4 comprimés à la 8ème heure,
4 comprimés, 2 fois par jour durant 2 jours.
ENFANT
Traitement dans les régions de multirésistance et chez le malade non immunisé:
Enfant entre 5 et 15kg: 6 comprimés en 3 jours.
1 comprimé en monoprise dès le diagnostic,
1 comprimé à la 8ème heure,
1 comprimé, 2 fois par jour durant 2 jours.

Enfant entre 15 et 25kg: 12 comprimés en 3 jours.
---- 2 comprimés en monoprise dès le diagnostic,
---- 2 comprimés à la 8ème heure,
---- 2 comprimés, 2 fois par jour durant 2 jours.

Enfant entre 25 et 35kg: 18 comprimés en 3 jours.
---- 3 comprimés en monoprise dès le diagnostic,
---- 3 comprimés à la 8ème heure,
---- 3 comprimés, 2 fois par jour durant 2 jours.



La fièvre typhoïde

Elle est encore très commune au Burkina Faso et peut facilement être prise pour des manifestations de paludisme.  Malgré la vaccination contre la fièvre typhoide,, il est possible de la contracter, mais avec des effets moindres et une meilleure chance de survie.

La contamination se fait par l'ingestion de viandes peu cuites, et de boissons ou aliments souillés par les selles d'un homme infecté, malade, ou porteur sain.  On attrapera facilement la typhoide au Burkina en mangeant dans la rue, les restaurants, maquis, etc.

Quarante-huit heures après la contamination, survient une fièvre qui augmente progressivement atteignant 40°C accompagné de possible maux de tête, fatigue, perte d'appétit, insomnie. Cet épisode dure une dizaine de jours (8 à 15), et correspond à la période d'incubation. Elle précède la phase de dissémination du germe dans le sang (septicémie).
Au début de la phase septicémique, on observe des troubles mineurs :
  • maux de tête (sans raideur de la nuque) ;
  • insomnie, fatigabilité (asthénie) ;
  • une fièvre atteignant un plateau à 40 °C, sans accélération du pouls
  • une rate grossie (splénomégalie) ;
  • de possibles saignements de nez (épistaxis), une langue blanchâtre (dite saburrale) ;
  • douleurs abdominales, diarrhée ou constipation, abdomen augmenté de volume et tendu.  La constipation est très commune dans la fièvre typhoide ;
  • un état de stupeur et d’abattement extrême.
Le malade est prostré, la prostration pouvant aller jusqu'à la torpeur, le délire, et à des signes digestifs intenses (diarrhées). C’est la destruction des salmonelles qui, libérant une substance toxique, l'endotoxine, provoque des ulcérations responsables d'hémorragies et de perforations digestives. Cette phase est responsable des complications qui peuvent entraîner le décès dans 30 % des cas en l'absence de traitement.

Traitement:
Ciprofloxacine 500 mg, 2 fois par jour pendant 7 jours 
Le patient reste contagieux pendant une semaine après la disparition des symptômes, et parfois jusqu'à trois mois.  Un lavage vigoureux des mains est de rigueur.

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Bonne lecture!

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