samedi 7 octobre 2017

Un nouveau roman pour Eve Lavigne: Seul le poisson mort se laisse porter par le courant



J'ai délaissé le blog pendant 2 longues années.  J'y reviens ajourd'hui en découvrant avec surprise non pas qu'il est toujours actif, mais qu'il est plus consulté que jamais.  Plus de 42 000 visites en 7 ans!  Pas mal pour un petit projet, commencé sans attente, par une infimière au Burkina Faso.

J'ai arrêté le blog pour me concentrer exclusivement à mon premier roman" Seul le poisson mort se laisse porter par le courant" qui vient d'être publié en format numérique le 4 octobre 2017.

C'est un roman hommage.  À Salimata, au Burkina, à mes patients, aux combattants qui luttent quotidiennement contre le VIH.  Un projet qui devait naître, un besoin impératif, un cri de guerre, des voix que je voulais porter.

Il est disponible en version papier ici et vous pouvez le télécharger sur https://www.amazon.ca, itunes, https://www.smashwords.com, https://www.barnesandnoble.com et plusieurs autres grandes plate-formes.  Vous pouvez aussi visiter le site www.evelavigne.com pour me suivre, faire des commentaires, demander une dédicace, etc.

Il n'est pas facile d'auto-publier un livre sur un sujet comme le VIH au Burkina Faso.  Si vous avez envie de m'aider à faire entendre des voix trop souvent tues, n'hésitez pas à partager le blog, le site web du livre, ou simplement cet article.

Au plaisir,
Eve

Pour le plaisir des yeux, je vous mets quelques extraits ici:

seul le poisson mort se laisse porter par le courantSeul le poisson mort se laisse porter par le courant

Préface

" Je ne veux pas parler du VIH. Il y a des livres de médecine pour ça. Pas que je ne sache le faire. Ça a été mon boulot. Mais je ne suis plus là pour parler pathologie. Je veux parler d’amour. De voyage. De vie. De lieux et de gens qui ont été d’une importance capitale pour moi, qui m’ont fait naître. Plusieurs de mes amis ont vécu une partie de leur vie avec cette maladie, et certains en sont morts. Mais si je vous parle de ceux-ci, parmi les milliers de personnes séropositives ou non que j’ai croisées au cours de mon existence, c’est parce qu’ils étaient porteurs de vie. "
L'homme

" Il quêtait. Le dos droit. La tête haute. « Excusez-moi Madame, vous n’auriez pas un petit 100 dollars ? Je vous jure que c’est pour boire. » C’était faux. Il ne buvait même pas. Comme sa voix, comme ses propos, il était dans le lourd, le profond. L’héroïne. Je le savais, mais n’en disais rien. Je l’aimais déjà. "

L'adolescente

" Depuis le plus loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu être plus vieille que je ne l’étais. À cinq ans, je voulais en avoir 10, à 10 ans, je me voulais majeure. Je croyais que le jour de mes 18 ans, je serais libérée du poids de mon enfance. Que je comprendrais enfin la vie. Que la douleur dévoilerait finalement son sens. Le jour de mon anniversaire, je n’étais encore qu’une enfant qui avait vécu trop de choses lourdes. "

L'amitié

" – Toi, t’es charitable, même quand je viens à bout de ton paquet de clopes et que je sape toute ton énergie... Ça doit être épuisant la charité des fois, non ?
– Matthieu, t’as pas compris. Ça n’existe pas la charité...
– Pff !
– Regarde-moi bien l’ami. La charité, c’est le pire fardeau que l’on peut faire porter à quelqu’un : elle vous enlève tout droit à la révolte. Ça n’existe pas, la putain de charité ! "

L'Afrique

" Il faisait noir. Je ne voyais rien excepté le goudron, l’avion et ce tout petit aéroport dont les lumières brillaient faiblement à une centaine de mètres. Je sentais l’Afrique qui émanait tout autour. Dans cette chaleur, cette moiteur, un parfum m’assaillait, m’émouvait. Je n’avais rien vu que cet effluve me parlait déjà. De poussière, de sel et de sueur. De poisson grillé, de diésel, de viande rôtie, d’une légère putréfaction, de renfermé. Un mélange de lait maternel, de lochies et l’odeur âcre et piquante de la terre brulée par un soleil sans merci. Ce pays qui se frayait un passage par mes narines, c’était la vie, la mort, et tout ce qui s’en dégage entre les deux. "

Le VIH

" Je suis, je porte en moi tellement de ces moments. Tellement de ces personnes. Ces enfants que j’ai mis au monde, de mères séropositives, et qui s’en sont sortis indemnes. Ces mères qui m’ont remis entre les mains le sort de leurs enfants, atteints. Je suis la mort de Salimata, Moussa, Rachidatou. Je suis le moment du diagnostic de tellement d’entre eux. Je suis aussi ces djandjobas, grandes danses de célébration. Ces silences complices. Ces fous rires. Ces thés à la menthe dans la chaleur du soleil couchant. Je suis ces mariages entre ceux qui se sont choisis, malgré la maladie, avec amour et foi en l’avenir. Ces miracles où la vie a repris ses droits. J’ai été avec eux. Pour eux, par eux souvent aussi. Ils m’ont donné les moments les plus forts de mon existence, et les plus touchants de la leur. "

Soutien

" C’était une chimie qui se passait de moi, mais je restais, fascinée, à les regarder rire, pleurer, discuter, manger, et sourire. Elles se racontaient tout. Avec retenue. Dignité. Beaucoup de silences et un langage qui leur était propre. Le groupe, lorsqu’émotif, prenait la parole dans sa langue d’origine. J’écoutais leurs mains, leurs soupirs, leur dignité. Elles s’étonnaient que je comprenne si bien le swahili. Je n’en parlais pas un traître mot. Mais je les comprenais, elles. "

Salimata

" Où situer le début ? À cette amitié ferme qui s’ancrait chaque soir passé seules, les enfants endormis, à coup de grands thés à la menthe sur le balcon ? À nos discussions sans barrières, de femme à femme, à ce goût que je prenais pour la solidarité féminine jusque-là méconnue ? "

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