samedi 23 août 2014

Un vide

Je l'ai senti toute la journée.  J'ai tourné en rond, essayé de l'éviter.  C'est pas comme si je ne m'y étais pas habitué.  Mais ca lachait pas.  Une douleur sourde.  Une absence.  Un besoin.  Salimata.  Encore.  Malgré la distance, malgré le temps qui passe.

Aujourd'hui Sali, j'avais une de mes mauvaises journées.  Toi qui me connais, tu l'aurais vu tout de suite.  Une de ses journées où je cherche un sens, où je me cherche, où je m'ennuie.  Pas d'enfants, pas de bruit, pas de vie.  J'ai appelé des copains, suis allée prendre un café avec l'un d'entre eux.  J'ai lu.  Mais je me sentais vide.  Aujourd'hui Sali, j'avais besoin de ton rire.  J'avais besoin de ta malice.  J'avais besoin qu'on se fasse un thé à la menthe pis qu'on le boive entre filles, sur la terrasse, en discutant du prix des oignons qui a encore monté, d'Abrahim qui veut pas apprendre le dioula, ou mieux, qu'on se taise et qu'on profite de la fraicheur du soleil qui se couche.

J'aurais aimé ça te parler de mon fils, qui s'est fait refuser son visa pour une deuxième fois, et que je n'ai pas vu depuis un an.  Tu m'aurais donné du courage.  Tu m'en donnais tout le temps. J'aurais aimé ça que tu vois à quel point Manu s'intègre bien dans son nouveau quartier.  Tu serais tellement fière d'elle Sali.  Elle a grandit Manu.  Mais je te jure qu'elle t'oublie pas.  Elle me parle souvent de toi avant d'aller se coucher.  Elle comprend pas.  Elle s'ennuie elle aussi.


T'es partie il y a 3 ans et demi maintenant.  Le 26 mars 2010. Hier.  Mais t'es pas partie en douce.  Tu m'as attendue.  Tu voulais que je sois là.  Dans mes bras, mes jambes de chaque coté de toi.  Je voulais pas te laisser aller.  Tu étais en paix.  Pas moi.  J'ai jamais accepté de perdre ce combat là.  Je pouvais même pas envisager de perdre.  Aujourd'hui encore, il m'arrive d'avoir de la difficulté à m'endormir en repensant aux médicaments que je t'ai prescrits.  Si j'avais diminué la prednisone plus lentement...  Si on avait arrêté les ARV le temps que ta toxoplasmose se passe...  Si on avait pas commencé le diflucan en plus, question de préserver ton foie...  Si...  Si je t'avais plus montré à quel point je t'aime, même quand j'étais épuisée, même quand j'étais enragée. Comme si à force de chercher, je trouverais là où j'aurais pu, du, te rattraper.  Ca m'arrive de moins en moins, presque plus en fait.  Mais des fois il faut que je me parle pour ne pas reprendre ce chemin là.  Mais il y a une chose que je sais, c'est que tu savais à quel point tu étais importante pour moi.  Ça m'appaise, je me le répète.  Sali savait comment je l'aimais.  Et je sais aussi à quel point elle m'aimait.

T'es partie avec une part de moi ma belle.  La plus tendre.  La plus disponible.  Des fois, je me reconnais plus quand je suis avec mes patients autochtones.  Un mur.  Intouchable.  C'est probablement mieux comme ça.  Je sais pas.  De toute façon, je pourrais pas faire autrement.  Il n'y a pas de retour en arrière.

Il n'y a pas de retour en arrière Sali...  C'est tout simple, et effroyable à la fois...

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jeudi 19 juin 2014

Joey le soldat

Culture : BURKIN BÂ, le nouvel album de Joey le Soldat

mardi 8 avril 2014
BURKIN BÂ, c’est le nouvel album du rappeur burkinabè Joey le Soldat. A travers cet album aux sonorités hip hop, électro, reggae, l’artiste fait déjà parler de lui au plan national et international.
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Culture : BURKIN BÂ,  le nouvel album de Joey le SoldatCet album solo est le deuxième de cet ancien étudiant de lettres modernes de 28 ans de l’université de Ouagadougou. Dans ses textes, l’artiste parle du pillage des richesses en Afrique, des mariages forcés, des enfants des rues de Ouagadougou mais chante aussi le retour de la saison des pluies. On y retrouve aussi des thèmes partagés en featuring avec Anny Kassy, artiste de Conakry, avec le rappeur togolais Elom20ce et avec Fils du Béton, MC et beatmaker français.
Joey le Soldat, fils d’un combattant pour l’indépendance du Burkina Faso et petit-fils de tirailleur burkinabè, a choisi le Moore pour valoriser sa langue et sa culture. « On m’a dit Soldat, tu veux devenir une star ? - Il faut que tu rappes en français, en anglais - Que j’oublie d’où je viens ? ». Cela semblait impossible pour l’homme de BURKIN BÂ.
L’album a été produit par les beatmakers français Redrum, DJ Form, 76’os et masterisé à Los Angeles.

Un album qui fait déjà parler de lui dans les médias internationaux

« Militant de l’unité et du rassemblement […] Très actuel, presque électro, parfois sombre, le son structuré de cet opus servi par un mastering signé Dave Cooley vient appuyer le flow puissant du Soldat au service de la jeunesse de son pays ». C’est ainsi que parlait de l’artiste, Radio France Internationale (RFI).
Dans sa colonne « culture », le journal africain de référence Jeune Afrique, voit en Joey le soldat l’artiste qui « peaufine ses textes tout en cultivant ses improvisations avec une rigueur évidente dans son flow, une voix joliment grave et un remarquable sens de l’ellipse. ». Pour Mondomix « Son flow est à la hauteur du propos, radical et énervé […] Ses lyrics visionnaires, véritables armes de construction massive, dessinent un futur à l’ex-Haute Volta. »
« Wonderful » (magnifique), c’est le qualificatif utilisé par BBC parlant de l’album et de la musique de l’artiste.
Le jeune Joey le soldat qui a choisi son nom de scène en hommage à son grand père ancien tirailleur, s’est envolé ce week-end pour une tournée en France.
C’est de là-bas qu’il suivra surement les résultats des kundé 2014 où il est nominé dans la catégorie ‘’kundé du meilleur artiste burkinabé de la diaspora’’
Amélie GUE
Lefaso.net

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Salia Kouyaté

Salia Kouyaté : Les français découvrent une nouvelle perle de la musique africaine

dimanche 11 mai 2014
La famille Sotigui n’est plus à présenter en Afrique et même au-delà du continent. Tous les fils et petits-fils issus de cette généalogie sont en train d’assurer pleinement et logiquement ce précieux héritage. C’est aujourd’hui au tour du jeune Salia Kouyaté, neveu de Sotigui Kouyaté, de s’illustrer merveilleusement en France.
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Salia Kouyaté : Les français découvrent une nouvelle perle de la musique africaineC’est aux côtés des aînés, notamment de son père Mamadou Kouyaté, griot depuis bien connu, que l’enfant Salia s’est forgé une carrière dans la chanson. C’est en 1998 qu’il s’établit à Bordeaux, l’une des villes françaises les plus culturelles. Aujourd’hui la quarantaine à peine, Salia Kouyaté commence à titiller les célébrités dans l’Hexagone à l’instar du reggeaman Tiken Jah Fakoly avec lequel, il a donné, en levée de rideaux, un concert époustouflant à guichets fermés à l’Observatoire de Cergy en France le 30 avril 2014.
Ce féru du folklore issu de l’ouest du Burkina Faso, a fait étalage de toute sa classe tant vocalement que scéniquement. Il a su allier tradition et modernité dans un foisonnement artistique qui transcende les peuples du monde. Sa prestation a été unanimement saluée à telle enseigne que l’emblématique chanteur ivoirien Tiken Jah Fakoly a salué sa prouesse.

Malgré qu’il réside en France depuis plus d’une décennie, le jeune griot aux dreadlocksn’a rien perdu de son héritage musical. « Mes racines m’ont donné une forte identité, mais c’est mon esprit d’ouverture qui l’a conduit où je suis » analyse le neveu de Sotigui.






En donnant ce spectacle époustouflant ce jour du 30 avril, le natif de Djaradougou, un quartier de Bobo-Dioulasso, ne fait que conquérir davantage le cœur des mélomanes du pays de Zinedine Zidane. Pourtant, son esprit serait tourné vers son pays natal, où il souhaiterait avoir la même reconnaissance.
Les débuts de l’artiste en France n’auront pas été aussi roses ; il avait même rangé la musique dans un placard à un moment donné pour suivre des modules de formation en animateur professionnel pendant trois bonnes années. Les germes d’orateur étant depuis longtemps enfouis en lui, lors d’une rencontre fortuite, Salia fut coopté pour un spectacle de conte en qualité de conteur. Sa prestation, époustouflante fut elle, ne l’a pas empêché de changer de fusil de l’épaule. L’artiste a décidé plus tard de reprendre sa passion juvénile qu’est la musique.
Grâce à son grand frère Toumani Kouyaté, les festivals tant à l’intérieur du pays, la Thaïlande et Israël lui ouvrent aussitôt les portes. Forts de ses expériences très enrichissantes, Salia Kouyaté décide de prendre donc le taureau par les cornes pour enfin créer un groupe musical qu’il baptisa « Salia Kouyaté et les Folikèlaw ». Une formation qui annoncera dans les prochains mois la sortie de son premier opus qui sera intitulé « Nangasso » qui signifie en langue malinqué « Viens chez nous ».
Selon l’auteur, « Nangasso » reflètera son image musicale, artistique et thématique. Les instruments comme la batterie, la guitare et les claviers viennent se greffer de façon glamour aux sonorités de la kora. Un opus saupoudré de rythmes traditionnels mandingues et assaisonné par des influences contemporaines effleurant le reggae. Ces chansons sont une forte dose de thèmes pertinents et poignants qui abordent sans faux-fuyants les sujets controversés sur les coutumes ancestrales ou encore la sagesse africaine. Un clin d’œil est notamment fait sur la question genre sur les éloquentes et braves femmes issues du Vieux continent.
Sa prestation scénique associée à son incroyable timbre vocal a séduit le public de Cergy en France le 30 avril 2014. L’un de ses objectifs majeurs, c’est de conquérir autant le public de son pays. Des tournées africaines seraient l’aboutissement des efforts consentis en amont.
Véritable idole d’Habib Koïté, Salia souhaite emprunter son chemin et surtout mettre en pratique tous les conseils qu’il a reçus de sa part. C’est en défenseur acharné du live que Salia Kouyaté condamne avec la plus grande énergie, le playback, qu’il a traité de honte pour la musique.
Profondément impliqué dans l’humanitaire, le jeune griot est préoccupé par la situation des enfants de la rue dans son pays notamment à Ouagadougou, la capitale. Il a pu toucher du doigt les réalités du phénomène et entend fonder une association pour pallier cette insuffisante.
Alain DONYRE
Collaborateur en France
Lefaso.net

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Environnement : les sachets plastiques désormais interdits au Burkina Faso

Environnement : les sachets plastiques désormais interdits au Burkina Faso

mercredi 21 mai 2014
Les députés ont, au cours de leur séance plénière, adopté, ce mardi 20 mai 2014, la loi interdisant la production, l’importation, la commercialisation et la distribution des emballages et sachets plastiques non biodégradables.
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Environnement : les sachets plastiques désormais interdits au Burkina FasoL’enjeu de la loi en valait la peine. Le Burkina Faso, tout comme son voisin le Togo et d’autres pays tels la Tanzanie, l’Ile Maurice et le Rwanda, dispose désormais d’une loi interdisant la production, l’importation, la commercialisation et la distribution des emballages et sachets plastiques non biodégradables.
Avec 87 présents et 107 votants, les députés ont adopté à l’unanimité le texte. Composée de 15 articles, la loi définit l’emballage plastique, détermine les sanctions qui vont s’appliquer aux contrevenants et définit aussi les dispositions transitoires. Selon les termes de cette disposition, il est désormais interdit d’importer et de vendre des sachets et emballages plastiques non biodégradables. Les commerçants qui disposent déjà de stocks ont six mois pour les écouler. « Passé ce délai, nous allons les saisir contre peut-être des dédommagements », a indiqué Salifou Ouédraogo, Ministre de l’Environnement et du développement durable.

Pourquoi cette loi ?

Cette disposition légale a été initiée au regard des dégâts que causent les sachets et emballages plastiques non biodégradables. Ces derniers mettent entre 100 et 400 ans pour disparaître alors que par leur nombre très élevé, ils recouvrent le sol et empêchent l’infiltration des eaux de pluie. Pour le cas du Burkina, environ 30% des bétails meurent chaque année après avoir ingurgité des sachets. Le Ministre Ouédraogo est même allé plus loin pour expliquer que les caniveaux sont remplis de ces résidus qui empêchent l’écoulement normal des eaux. « Nous savons tous que les inondations du 1er septembre 2009 ont été en partie causées par ces sachets qui avaient bouché les caniveaux », a-t-il argumenté devant la représentation nationale.

Ce qui va remplacer les sachets

Convaincu que « les sachets ne sont ni prioritaires ni indispensables dans la vie des hommes », Salifou Ouédraogo entend mener une guerre sans merci contre leur utilisation. En lieu et place de ces sachets non biodégradables, il entend imposer ceux qui disparaitront tout au plus 5 ans après leur utilisation. Pour cela, il a affirmé devant les députés avoir déjà eu l’adhésion des commerçants importateurs de sachets. « J’ai reçu les commerçants à mon bureau et on en a parlé. Ils adhèrent au projet. Ils nous ont même offert 300 poubelles. Certains m’ont rassuré qu’ils ont des fournisseurs près à leur doter d’emballages biodégradables », a ajouté le Ministre.
La loi détermine également un certain nombre de sachets et d’emballages non biodégradables dont l’utilisation ne peut être interdite. Il s’agit notamment des bouteilles de certaines boissons, des sachets utilisés dans les structures de santé (sérum, poche pour le sang, les seringues, etc.). Pour ces produits, les taxes seront revues à la hausse. L’Etat aura environ 6 milliards FCFA de taxes sur ces produits pour mieux lutter contre l’utilisation des sachets non biodégradables. La loi n’épargne pas les fabricants d’eau minérale qui devront se conformer au risque de se voir sanctionnés.

Gestion des déchets

Pour les déchets déjà générés de ces sachets, le Ministre annoncé que des unités de broyage seront implantées dans les régions et une plus grande sera à Ouagadougou. Les déchets une fois traités dans les régions seront acheminés à Ouagadougou pour transformés en boules de plastiques qui seront revendues aux usines qui en utilisent.
Dans l’ensemble, les députés ont salué la loi et ont même formulé des recommandations au Ministre afin de réussir sa mise en œuvre.
Jacques Théodore Balima
Lefaso.net

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samedi 7 juin 2014

Petit guide de santé en région tropicale... La fièvre partie 1

S'il y a une chose que l'on veut éviter mais que l'on doit prévoir quand on est en Afrique, c'est bien la maladie.  Je veux ici vous offrir un petit guide d'Auto-diagnostic pour situations de crise.  Entendez-moi bien: rien de devrait vous empêcher de consulter, au plus vite.  Quand c'est possible, il faut voir un médecin, passer des prises de sang, se traiter sur un diagnostic fiable.  Ceci étant dit, on sait tous que des centres de santé fiables, il n'y en a pas dans tous les recoins de la brousse, et parfois, on se sent bien démuni et loin de la maison.

Cet outil est adéquat pour les gens visitant le Burkina, pas pour d'autres régions.  Je me base sur la prévalence des infections dans ce pays, adapté sur les infections principales que vous risquez de croiser sur votre chemin.

Je ne m'attarderai pas sur les moyens de prévention, que vous trouverez dans tous les guides de voyage. Je veux plutôt être là pour vous en ce moment où le pire n'a pu être évité.



La fièvre

Paludisme (malaria)

La première chose à laquelle on doit penser quand on fait de la fièvre au Burkina, c'est au paludisme (Malaria).  Que l'on prenne une prophylaxie ou non.  Il serait excessivement dangereux de ne pas y penser et toute personne qui voyage au Burkina devrait toujours avoir sur elle des médicaments d'urgence, au cas où.  Particulièrement ceux qui auront décidé de ne rien prendre pour prévenir la chose.  Il y a quatre agents provoquant le paludisme: le plasmodium ovale, le malariae, le vivax, et le plus dangereux de tous, le falciparum.  Le plasmodium falciparum est le seul à entrainer, et très rapidement, une complication que l'on appelle le neuropaludisme et qui peut entrainer la mort en à peine quelques heures.  Presque tous les cas de paludisme au Burkina sont dûs au plasmodium falciparum.  Et moins vous y avez été exposé dans votre vie, plus vous serez malade.  La prophylaxie diminuera la gravité de la crise mais ne vous empêchera pas d'être atteint.  En tant que voyageur n'ayant jamais contracté le paludisme, vous êtes comme des nourrissons face à la maladie. Plus on fait de crises, moins sont graves les manifestations.  Et malgré ça, des milliers d'adultes Burkinabè en pleine forme meurent encore chaque année du palu.



Le palu est transmis par les anaphèles infectés qui nous injectent le parasite en nous piquant le soir.  Le temps d'incubation était au départ de 3 semaines, minimum, parfois jusqu'à 6 mois après la piqûres.  Mais il y a maintenant au Burkina des parasites se développant en aussi peu de temps que 5 jours après la piqûre.  Plusieurs de ces cas m'ont été relatés par des collègues médecins, travaillant avec des outils de dépistage de pointe.


Les symptômes du paludisme sont:



Ces symptômes nommés plus haut sont ceux d'un paludisme simple.  Et si je dis simple, cela ne vous empêchera pas de vous sentir comme si vous étiez en fin de vie.  Le plupart des crises de paludisme sont une expérience infernale.  Mais pas toutes et c'est pour cela que vous devez toujours vous traiter contre le paludisme en cas de fièvre si vous êtes loin d'un centre de santé proposant un dépistage par goutte épaisse (une prise de sang ou une piqûre sur le bout du doigt)

Les complications:

Le palu entre dans les globules rouges, se reproduit et fait eclater le dit globule pour pouvoir se répandre dans tout l'organisme, faisant éclater de plus en plus de globules rouges.  Ce phénomène crée évidemment une anémie que l'on pourra observer en regardant la conjonctive du patient, qui devient pâle. (partie rouge à l'intérieur de la paupière inférieure de l'oeil)  Plus il y a de globules rouges éclatés, plus la râte aura de la difficulté à se débarasser des déchets cellulaires, et elle pourra devenir grosse.  Le foie, qui participe à la dégradation de ces déchets pourra ne plus arriver à fournir lui non plus, et la bilirubine s'accumulera dans l'organisme, créant une jaunisse (peau et oeil qui devient jaune).  Les reins, obstrués par les déchets peuvent cesser de fonctionner, et on observera une diminution ou un arrêt de la fabrication d'urine.  Les globules rouges servant à transporter l'oxygène dans le corps, plusieurs organes peuvent commencer à ne plus fonctionner, il peut y avoir des difficultés respiratoires, des douleurs cardiaques, un choc organique.  La complication la plus dangereuse est le neuropaludisme qui survient quand le parasite franchit la barrière cérébrale, et un coma peut survenir rapidement.

Toutes ces complications peuvent rapidement conduire à la mort et vous devrez trouver rapidement un moyen de vous faire évacuer du pays car le Burkina n'a pas les infrastrucures nécessaires pour gérer ce genre de complications, à moins que vous ne soyez dans la capitale, et même encore.

Les traitements:

Il ne faut jamais traiter un palu avec le même médicaments que l'on prend comme prophylaxie car si vous avez le palu malgré vos anti-paludéens, c'est que votre palu est résistants à ceux-ci.  Donc quelqu'un qui prend de la méfloquine(lariam) en prophylaxie ne pourra se traiter avec cet agent, même chose avec la malarone.  Mais rien n'empêche le patient sous lariam de se traiter avec de la malarone et vice-versa.  Par contre ces traitements sont couteux et pratiquemment introuvable au Burkina.

Le traitement classique du paludisme est la quinine, si vous êtes capable de l'avaler bien sur.  Si vous vomissez, vous devrez prendre un traitement intraveineux pour vous traiter.

Pour le traitement du paludisme, la dose moyenne de quinine recommandée quotidiennement pour un adulte est 600 mg, pris 3 fois par jour après les repas, pendant 3 à 7 jours. Les doses pour enfants sont calculées selon leur poids corporel.

La quinine a des effets secondaires importants tels que l'hypoglycémie grave et les arythmie cardiaque. Quand je voyage avec mes enfants, je traine toujours un glucomètre avec moi pour prendre leur glycémie chaque heure pendant un traitement intraveineux de quinine, et je vérifie selon les symptômes pour un traitement par la bouche.  L'hypoglycémie a pour symptômes un état de nervosité, de la sudation, une perte de connaissance, des battements de cœur rapides, des picotements, de la nausée, des frissonnements et quelquefois la faim.  Le traitement est l'administration rapide de jus sucré ou de tout ce que vous trouverez à manger sous la main.

On peut aussi traiter le paludisme avec des comprimés de coartem.  Voici les posologies adultes et pédiatrique:

ADULTE
Traitement dans les régions de multirésistance et chez le malade non immunisé: 24 comprimés en 3 jours.
4 comprimés en monoprise dès le diagnostic,
4 comprimés à la 8ème heure,
4 comprimés, 2 fois par jour durant 2 jours.
ENFANT
Traitement dans les régions de multirésistance et chez le malade non immunisé:
Enfant entre 5 et 15kg: 6 comprimés en 3 jours.
1 comprimé en monoprise dès le diagnostic,
1 comprimé à la 8ème heure,
1 comprimé, 2 fois par jour durant 2 jours.

Enfant entre 15 et 25kg: 12 comprimés en 3 jours.
---- 2 comprimés en monoprise dès le diagnostic,
---- 2 comprimés à la 8ème heure,
---- 2 comprimés, 2 fois par jour durant 2 jours.

Enfant entre 25 et 35kg: 18 comprimés en 3 jours.
---- 3 comprimés en monoprise dès le diagnostic,
---- 3 comprimés à la 8ème heure,
---- 3 comprimés, 2 fois par jour durant 2 jours.



La fièvre typhoïde

Elle est encore très commune au Burkina Faso et peut facilement être prise pour des manifestations de paludisme.  Malgré la vaccination contre la fièvre typhoide,, il est possible de la contracter, mais avec des effets moindres et une meilleure chance de survie.

La contamination se fait par l'ingestion de viandes peu cuites, et de boissons ou aliments souillés par les selles d'un homme infecté, malade, ou porteur sain.  On attrapera facilement la typhoide au Burkina en mangeant dans la rue, les restaurants, maquis, etc.

Quarante-huit heures après la contamination, survient une fièvre qui augmente progressivement atteignant 40°C accompagné de possible maux de tête, fatigue, perte d'appétit, insomnie. Cet épisode dure une dizaine de jours (8 à 15), et correspond à la période d'incubation. Elle précède la phase de dissémination du germe dans le sang (septicémie).
Au début de la phase septicémique, on observe des troubles mineurs :
  • maux de tête (sans raideur de la nuque) ;
  • insomnie, fatigabilité (asthénie) ;
  • une fièvre atteignant un plateau à 40 °C, sans accélération du pouls
  • une rate grossie (splénomégalie) ;
  • de possibles saignements de nez (épistaxis), une langue blanchâtre (dite saburrale) ;
  • douleurs abdominales, diarrhée ou constipation, abdomen augmenté de volume et tendu.  La constipation est très commune dans la fièvre typhoide ;
  • un état de stupeur et d’abattement extrême.
Le malade est prostré, la prostration pouvant aller jusqu'à la torpeur, le délire, et à des signes digestifs intenses (diarrhées). C’est la destruction des salmonelles qui, libérant une substance toxique, l'endotoxine, provoque des ulcérations responsables d'hémorragies et de perforations digestives. Cette phase est responsable des complications qui peuvent entraîner le décès dans 30 % des cas en l'absence de traitement.

Traitement:
Ciprofloxacine 500 mg, 2 fois par jour pendant 7 jours 
Le patient reste contagieux pendant une semaine après la disparition des symptômes, et parfois jusqu'à trois mois.  Un lavage vigoureux des mains est de rigueur.

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Bonne lecture!

Petit guide de santé en région tropicale... La diarrhée

S'il y a une chose que l'on veut éviter mais que l'on doit prévoir quand on est en Afrique, c'est bien la maladie.  Je veux ici vous offrir un petit guide d'Auto-diagnostic pour situations de crise.  Entendez-moi bien: rien de devrait vous empêcher de consulter, au plus vite.  Quand c'est possible, il faut voir un médecin, passer des prises de sang, se traiter sur un diagnostic fiable.  Ceci étant dit, on sait tous que des centres de santé fiables, il n'y en a pas dans tous les recoins de la brousse, et parfois, on se sent bien démuni et loin de la maison.

Cet outil est adéquat pour les gens visitant le Burkina, pas pour d'autres régions.  Je me base sur la prévalence des infections dans ce pays, adapté sur les infections principales que vous risquez de croiser sur votre chemin.

Je ne m'attarderai pas sur les moyens de prévention, que vous trouverez dans tous les guides de voyage. Je veux plutôt être là pour vous en ce moment où le pire n'a pu être évité.

La Diarrhée

C'est le sympômes le plus courant chez le voyageur, et peut être dû à plusieurs pathogènes.  Nous allons les différencier pour vous trouver le traitement le plus adéquat et le plus facile à dénicher en région éloignée.

1. Il faut d'abord savoir que la diarrhée du voyageur est habituellement bénigne.  Son principal danger est la déshydratation, particulièrement dans un pays comme le Burkina où les températures peuvent atteindre les 50 degrés.  Il vous faudra donc surveiller de près quelques éléments.


  1. Êtes-vous capable de vous hydrater correctement?  Cela veut dire que vous ne vomissez pas vos liquides au fur et à mesure.  
  2. Faites-vous de la fièvre?  La température accélère le processus de déshydratation et est un signe aggravant dans la diarrhée du voyageur.
  3. Urinez-vous correctement?  Le débit minimal d'un rein en santé est de 30 ml par heure.  Si en 8 heures, vous urinez moins que la quantité de 240 ml (un grand verre d'eau) c'est le signe que votre corps est en processus de rétention au niveau des reins car le corps manque de liquide.
  4. Votre peau est-elle sèche, garde le pli quand on la pince pour une durée de plus de 2 secondes, les yeux sont cernés?
Si vous avez un ou plusieurs de ces facteurs aggravants, il faudra bien sur vous réhydrater avec une solution de réhydratation orale (SRO) mais il est probable que ce ne soit plus suffisant.  Vous avez besoin d'un soluté.  Lorsque vous vous éloignez des régions urbaines, vous devriez toujours avoir en votre possession une SRO, et débuter sa consommation (10 ml chaque 10 minutes) dès les premiers signes de diarrhée ou de vomissement.  Certaines personnes prendront de l'imodium mais c'est rarement conseillé car il y a alors risque de surinfection ou de constipation.  Si vous décidez néanmoins de recourir à l'imodium, faites le de façon circonspecte, en commencant par un demi comprimé et laissez lui le temps d'Agir avant de n'en reprendre.  N'en prenez jamais si vous faites de la fièvre ou avez du sang dans les selles.

2. La diarrhée dure et perdure, vous êtes rendu franchement faible et de la fièvre s'ajoute à vos malaises.  Il est probable que vous aillez besoin d'antibiotiques.  (Attention, si vos selles sont glaireuses comme de la morve, lire plus loin le traitement contre les amibiases). 

Le traitement antibiotique de la diarrhée du voyageur sera un seul comprimé de ciprofloxacine (CIPRO) de 500 mg.  On peut aussi poursuivre à raison d'un comprimé par jour pendant 3 jours. Ce traitement ne convient ni aux enfants de moins de 16 ans ni aux femmes enceintes.

Chez la femme enceinte on précaunisera plutôt l'azithromycine 500 mg/ jour pendant 3 jours, et cela seulement dans les 2e et 3e trimestre.  Ce médicament est à éviter pendant le 1er trimestre car il n'a pas été suffisamment testé pour affirmer qu'il est sans danger.  L'azithromycine peut être utilisée pendant l'allaitement.

3. Vous avez des selles glaireuses, qui ressemblent à de la morve et qui peuvent contenir du sang.  Vous pouvez aussi avoir des douleurs abdominales et une sensation récurrente d'avoir besoin d'aller à la selle sans que ce ne soit le cas (Ténesme)  Vous pouvez faire de la fièvre, ou non.  Cette diarrhée ne part pas avec le temps.  Vous avez probablement une dysenterie à amibiase.  

Le traitement de l'amibiase sera le Metronidazole (Flagyl) 500 mg, 1 comprimé trois fois par jour pendant 5 à 10 jours.  Il peut être utilisé pendant la grossesse mais pas pendant l'allaitement.  Le metronidazole est incompatible avec l'Alcool, même en quantité minime.  Il doit être absorbé avec des aliments car est difficile à digérer.

Si vous êtes vraiment loin de toute facilité sanitaire, que vous n'êtes pas sur du diagnostic, et que vous avez une diarrhée très sévère, aggravée de fièvre et de déshydratation, avec ou sans vomissement, je vous fais la suggestion de prendre les 2 traitements simultanément, soit la ciprofloxacine 500mg par jour pendant 3 jours, en même temps que le métronidazole 500 mg, 3 fois par jour pendant 10 jours.  C'est ce qui vous sera prescrit en dispensaire en l'absence de moyen sur de diagnostic.  Les 2 traitements sont compatibles.

En finissant, il est important de savoir que la diarrhée, accompagnée de fièvre peut aussi être dûe à d'autres pathogènes et qu'il est important de s'Assurer que ce n'est pas un paludisme  par exemple.  (Malaria)  Je vous encourage donc à tojours faire faire des analyses comme la goutte épaisse en présence de fièvre et à lire mon prochain article traitant de la fièvre en région sub-saharienne.

Si vous n'avez pas de moyen de vous mettre en contact rapidement avec un professionnel de la santé, vous pouvez essayer de m'écrire à cette adresse: lestoubabousdebobo@hotmail.fr  J'essaierai de vous conseiller du mieux que je le peux.  Et sachez qu'au Burkina, vous pouvez vous procurer tous les produits que je vous propose dans n'importe quelle pharmacie, sans ordonnance...

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Bonne lecture!






dimanche 16 mars 2014

Je suis porteuse du VIH, partie 2

Travailler avec des gens qui vivent avec le VIH, que ce soit au Canada ou au Burkina, est toujours quelque chose d'agréable.  Je crois sincèrement que les gens qui s'y engagent avec misérabilisme ne sont pas à leur place.  Je l'ai dit, et je le répète: la pitié tue.  Quand les temps sont durs, ou quand au contraire tout va bien et qu'on est empli de joie et d'espoir, on a certainement pas envie de croiser le regard de quelqu'un qui vous voit comme une maladie, une attente de la mort, ou un cas social.

Ce qu'il y a de particulier de travailler dans le milieu VIH, c'est tout le coté communautaire qui s'en dégage.  Ça ressemble un peu au milieu gay, ou immigrant, bref un contexte qui a ses particularités sociales, qui rapprochent ses membres, qui participe à la vie sociale, de façon vivante justement.  Danser dans un bar est agréable.  Mais danser parmi une centaine de femmes qui célèbrent un gain à leur cause, faire un souper communautaire entourée de gens qui vivent des situations similaires et qui partagent dans le rire, la bonne humeur, avec plein d'effusion, c'est autre chose.  Rassembleur.  Humain.

Il y a bien sur des moments de très grandes tristesse.  Comme dans la vie de tout un chacun.  Ces tristesses sont solitaires au moment du diagnostic.  Jusqu'à la rencontre du groupe de pairs, qui vous accepte, vous accompagne, vous nourrit et vous porte.  Il y a ces autres moments, communs, excessivement difficiles, quand on perd un membre.  Un rappel de la condition de chacun, une amputation au groupe.

Je suis, je porte en moi, tellement de ces moments. Tellement de ces personnes.  Je ne serais pas Eve Lavigne sans ces enfants que j'ai mis au monde, de mère séropositives, et qui s'en sont sortis indemnes.  Sans ces mères qui m'ont remis entre les mains le sort de leurs enfants, atteints.  Je suis la mort de Salimata, Moussa, Rachidatou.  Je suis le moment du diagnostic de tellement d'entre eux.  Je suis aussi ces djandjoba, grandes danses de célébration.  Je suis ces silences complices.  Ces fous rires.  Ces thés à la menthe dans la chaleur du soleil couchant.  Je suis ces mariages entres ceux qui se sont choisis, malgré la maladie, avec amour et foi en l'avenir.  Je suis ces miracles où la vie à repris ses droits.  Je suis eux, avec eux.  Pour eux, par eux souvent aussi.  Ils m'ont donné les moments les plus forts de mon existence, et les plus touchants de la leur.

Pour revenir à mon titre, qui vous a probablement assez accrochés pour vous amener jusqu'à la fin de cette lecture...  Suis-je porteuse du VIH?  Est-ce que j'aime les betteraves?  Suis-je gay?  Bi-polaire peut-être? Atteinte de l'hépatite?  Je vous répondrai que tout cela ne changerait absolument rien à ce que je suis profondément.  C'est à dire moi-même.  La seule chose qui changerait serait le regard que vous porteriez sur moi.  Ce regard pourrait me faire mal, me réduire, ou ne pas changer, selon ce que vous, vous êtes.  Mon propos ici repose sur ce que vous êtes VOUS, devant la différence.  Et ce sera à chacun de vous à répondre à cette question, trop personnelle pour que je réponde à votre place.

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Bonne lecture!

Je suis porteuse du VIH, partie un

Comme plusieurs d'entre vous le savez, j'ai travaillé 3 ans au Burkina Faso comme infirmière spécialisée en prise en charge des patients atteints du VIH.  J'ai fait le même boulot un an au Canada, au CHUS à Sherbrooke.  Ces expériences, de travail, mais surtout humaines, ont profondément changé ce que je suis aujourd'hui.

Tout a commencé avec cet homme que j'ai rencontré à mes 17 ans, alors que j'étais cuisinière dans un centre de détox de Montréal.  Il a pris ma défense un jour, alors que je m'étais trompé dans la commande d'un client en manque, qui a pété un câble quand il a vu un seul oeuf dans son assiette plutôt que deux.  L'homme, costaud et surtout aguerri de plus de 15 ans de vie de rue et d'héroïne, a posé la main sur l'épaule du client enragé, et lui a murmuré: "Hey, remercie la jeune fille de se lever le cul chaque matin pour que tu manges à ta faim au lieu de lui faire une scène, compris?"  Fini la bagarre.  Début de beaux sourires, et d'une amitié qui dure encore aujourd'hui, 17 ans plus tard.

L'homme quêtait pas loin de mon cégep, où j'étudiais pour devenir infirmière.  J'étais déprimée.  Pas bien. Souvent, j'allais m'asseoir a ses cotés, et je l'écoutais déclamer des poèmes d'une beauté qui tue et fait naître à la fois.  Un après-midi d’hiver, il m'a expliqué la chasse au dîner-express.  Il s'agit de se placer discrètement à une table où se trouvent les restaurants du complexe Desjardins et de surveiller les pertes.  Les restants se faisant rare, on vole le lunch d'une femme d'affaire qui a oublié de se prendre des ustensiles et laissé son shish taouk et sa salade sans surveillance.  On mange le tout avec les mains, derrière les escaliers, très vite, en surveillant la femme qui gueule haut et fort au comptoir des Libanais qui n'y comprennent rien mais qui lui remplacent tout de même son lunch.  On est stressé à mort, avec les gardes de sécurité un peu partout, mais après, on  rit à s'en éclater le cœur.  Il est beau l'Homme quand il rit.  Ça jaillit de sa gorge : toute cette intense soif de vie qui est encore en lui, malgré lui. J'ai joint mon rire au sien, et le ciel s'est soulevé un peu, nous laissant respirer, le ventre plein.

Cet homme, qui est devenu un père spirituel pour moi, s'est sorti de la  rue.  Il a même vécu plusieurs mois avec mon conjoint, mes enfants et moi.  Je savais qu'il était atteint du SIDA.  Ce serait mentir que de dire que ça ne m'inquiétait pas.  Je suis humaine.  Et mère.  Ça ne s'est pas fait sans maintes discussions avec des infirmiers spécialisés qui m'ont expliqué et rééexpliqué l'absence de risques, qui ont défait les mythes, qui ont accepté mes peurs et ont su me faire de l'éducation sans jamais me juger.  À mon rythme.

Est ensuite venu ce moment où j'ai compris que nous étions beaucoup plus dangereux pour cet homme que lui pour nous.  3 enfants, des microbes partout.  L'innocence des enfants qui ne se lavent pas les mains, ne font pas attention, des vraies machines à bisous, même quand ils ont la varicelle, la gastro, ou pire, la grippe. Cette époque d'hypervigilance était pénible pour l'Homme.  Elle lui rappelait sans cesse son statut, sa particularité.  Mais il m'a accompagné dans sa maladie.  Il a été patient, même quand je le regardais et ne voyais que mort, tristesse et manque d'espoir au lieu de le voir lui.  Le plus grand cadeau que mon ami m'a fait, c'est celui-là.  De réussir à voir l'humain là où un autre voit une situation sociale.  De voir les yeux, d'y trouver des sourires, de la vie, une âme.  Ça m'a pris des années, mais l'Homme a tué en moi toute pitié.  La pitié tue.  Elle réduit, elle déshumanise.  L'Homme m'a mis en contact avec l'humanité qui est en chacun de nous, et qui ne repose pas sur une condition physique, un handicap ou une situation économique ou sociale précaire.  L'Homme m'a ouvert un monde où je suis capable de trouver de la richesse dans les coins qui peuvent sembler en premier lieu tellement sombres.  Il m'a éveillé à la joie, dans toutes ses formes.

Je finirai ce texte, que je poursuivrai en vous parlant de mon expérience africaine dans un deuxième temps, en remerciant profondément cet homme qui m'a fait grandir au fil des années.  Qui a toujours su être là pour moi, qui m'a accepté dans mes faiblesses, mes manques, mes peurs, mon manque d'ouverture souvent, ma vision réductrice parfois.  Si j'ai souvent été jugeante et petite, il ne l'a lui, jamais été.  Il a eu foi en moi.  Il a su se livrer, m'ouvrir ses blessures, se montrer dans son entièreté en me faisant, toujours, confiance.  Sans toi mon ami, et je le dis avec tout ce que j'ai d'amour et de reconnaissance, je ne serais jamais ce que je suis aujourd'hui.

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Sorcellerie et pendaisons au Passoré : 35 suicides sur 102 tentatives

vendredi 10 juillet 2009
L’Afrique a ses mythes et ses mystères. La pratique supposée ou vraie de la sorcellerie donne lieu à des pendaisons multiples dans la région du Nord du Burkina Faso. Dans la province du Passoré, le phénomène est entier. Le silence des uns rend atroce la souffrance des autres.
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Au Burkina Faso, la sorcellerie a arbitrairement un visage féminin bien observable au centre “ Delwendé ” de Tanghin au secteur n°23 de Ouagadougou où une centaine de pauvres vieilles femmes rejetées à tort par la société y survivent, grâce aux religieuses catholiques dans une sorte de “ prison de la liberté ”. Bien que cette injustice soit l’apanage du Plateau mossi, elle est plus manifeste et pernicieuse dans la région Nord du pays. Le phénomène des mangeuses d’âmes crée une psychose dans la province du Passoré en général et dans son chef-lieu Yako en particulier. Tel un serpent de mer et sur fond de mysticisme, la sorcellerie réelle ou imaginaire a un impact considérable sur le vécu des populations de cette partie du Burkina Faso. Pendaisons et exclusions sociales, sont autant de graves conséquences qu’elle engendre. Les accusées de mangeuses d’âmes sont publiquement violentées et subissent les sévices les plus inhumains. Lynchage, déchéance et bannissement de l’accusé conduisent à une mort sociale certaine de l’individu transformé en un zombi, voire un “animal” condamné à l’errance et à la mort.

“Lorsqu’on m’a accusée de sorcellerie et procédé à mon exclusion, j’ai vécu huit jours dans la brousse, dans la faim et la soif. Ma seule compagnie était les chants des oiseaux. N’ayant plus envie de vivre, j’ai tenté de mettre fin à ma vie en consommant les raticides. J’ai vomi durant trois jours ”, témoigne Sibidou Bassyam, la cinquantaine dépassée. Chassées de chez elles, les femmes accusées de sorcellerie sont interdites de séjour aussi bien dans leurs foyers que dans leurs familles. Considérées comme des pestiférées, il leur est réfusé la moindre assistance et le moindre geste de solidarité. “N’eut été l’existence de nos centres d’accueil, ces personnes seraient vouées à une mort certaine”, a confié la sœur Rita Tankoano, responsable du centre accueillant les femmes accusées de sorcellerie à Tema Bokin, une commune rurale du Passoré.
“ Pour me faire partir, instruction a été donnée à tous les habitants du village de ne plus m’adresser la parole. Ainsi, j’ai été privée de nourriture et d’eau”, confie Jacqueline Yili. Veuve depuis dix ans, elle a été contrainte d’abandonner ses trois fillettes et de quitter la ville “ dix jours avant que la sentence ne soit prononcée ”. Les femmes accusées de sorcellerie dans le Passoré partagent le même lot de souffrances. Entre autres, le veuvage, la polygamie avec ou sans enfants. Les champs de certaines femmes ont été détruits. D’autres ont vu leurs enfants interdits de fréquenter ou d’apporter une assistance à leurs parents, sous peine de se voir également exclus. Les pensionnaires accusent certains responsables coutumiers d’inciter les supposées mangeuses d’âmes au suicide.


“Un vieux du village a même poussé l’outrecuidance en me signifiant d’aller me suicider si je connais la honte ”, se souvient Marceline Konkobo, âgée de 68 ans. Quant à Suzanne Bamogo, les larmes aux yeux, elle se remémore les conditions dans lesquelles elle a été expulsée. Sous le poids d’un demi-siècle de vie, elle jure qu’elle quittera ce monde sans oublier ce qu’elle a subi comme brutalités et brimades. “Ils m’ont passée à tabac avec ce qu’ils avaient comme objets sous la main. J’ai reçu des coups en plein visage et j’ai beaucoup saigné ”, raconte-elle en sanglots. Avant de conclure à l’endroit de ses tortionnaires : “C’est Dieu qui jugera les actes de chacun.” Abandonnées par les siens dans leurs familles d’origine et rejetées par leurs beaux-parents, les femmes accusées de sorcellerie sont mises à l’index comme des esclaves traînant des chaînes, des malades sous quarantaine ou des êtres très répugnants. Elles ne peuvent espérer une inhumation dans le cimetière commun au village. “Nous sommes obligés de les enterrer dans les cimetières chrétiens car même mortes, elles sont rejetées ”, revèle la sœur Rita Tankoano.

Une enquête menée en 2006 sur l’exclusion sociale des personnes âgées au Burkina Faso et dans la sous-région par le Pr Albert Ouédraogo, enseignant à l’Université de Ouagadougou, indique que 78% des personnes exclues vivent avec moins de cinq cents francs par mois. Celles qui ont toujours la possibilité de se déplacer ramassent les excréments d’animaux, du bois de chauffe, cultivent du mil, du sorgho, du haricot, du fonio, du sésame, des oléagineux, des légumes, du potage et du coton. Elles écoulent difficilement leurs produits à cause des préjugés et des stigmatisations à leur égard. Les invalides sont clouées dans des maisons délabrées car frappées par l’âge, elles ne peuvent plus se déplacer et vivent des aides diverses. Celles-ci n’ont qu’une seule prière, “ implorer Dieu pour être rappelées au Ciel ”.

L’exclusion sociale pour cause de sorcellerie est si forte que l’Eglise catholique s’est vue obliger d’intervenir en recueillant les victimes pour leur éviter la mort par suicide. L’identification des mangeuses d’âmes cache tout un simulacre. Le mystère est total et entier. Aucune science exacte ne peut démontrer rationnellement la culpabilité des accusées. La preuve irréfutable n’existe pas. L’accusation se fonde sur des suppositions, des coïncidences et cachent bien des règlements de compte. Dans le domaine coutumier, des rites d’identification existent avec leurs insuffisances, car dépendant des convictions des nécromanciens, détenteurs des pouvoirs mystiques pour interroger des cadavres sur les raison de leur mort. Parmi les rites d’identification des mangeuses d’âmes, figure le célèbre “port de cadavre”.

Une pratique à polémique

Ce rite est source de bien d’incompréhensions entre l’administration judiciaire, les services de l’action sociale, la gendarmerie, la police, les mouvements des droits de l’Homme, les associations féminines d’une part et les gardiens de la coutume d’autre part. “ Un individu qui a été incapable de son vivant d’empêcher que l’on intente à sa vie peut-il animer un corps inerte au point de l’obliger à désigner son meurtrier ?," interroge Etienne Yé, le procureur du Faso près le Tribunal de grande instance (TGI) de Yako. Face à ce raisonnement juridique, l’un des ministres de Naba Sigri de Yako défie le chef du ministère public : “Si le procureur ne croit pas à la véracité de notre port de cadavre pour détecter certaines mangeuses d’âmes, nous l’invitons à tenter l’expérience, il saura que les fétiches ne mentent pas”. Le Goungha Naaba étaye ces propos défiants en relatant l’histoire d’un gendarme en service à Yako qui niait aussi l’efficacité du port de cadavre : “ Ayant assisté et même participé une fois au port de cadavre, le pandore incrédule a perdu son béret sous l’effet des forces invisibles qui le guidaient.
Il a du coup promis en son temps, d’être le porte-parole des gardiens de coutume auprès de sa hiérarchie ”. Le traditionnaliste et chef coutumier de Sancé dans la province du BAM, Paul Tennoaga, recommande au Procureur de relativiser un tant soit peu ses propos. Bien qu’ émettant le doute sur la bonne foi des porteurs de cadavre d’aujourd’hui, il confirme la possibilité d’amener un cadavre à marcher pour désigner l’auteur de sa mort. Le chef coutumier de Sancé explique tout de même que les maléfices qui animent le corps sans vie en l’obligeant à se diriger vers une direction précise sont ésotériques et tendent à disparaitre de nos jours. “Seules certaines personnes initiées maîtrisent encore ces élémentaux”, soutient Paul Tennoaga Ouédraogo. Il affirme avec foi pouvoir particulièrement dompter ces maléfices : “Je vais avec un parent à Kaya qui meurt en court de route. On décide de l’enterrer à Kongoussi. J’anime le corps à une certaine heure donnée, il va se lever et marcher de Kaya à Kongoussi et mourir de nouveau à Kongoussi. Non pas qu’il ne fût pas mort mais il a été animé par quelque chose d’autre.

Toutes ces choses ont été oubliées et sont mortes avec les personnes qui les détenaient". Le port de cadavre dans la province du Passoré a la peau dure. Les services de l’action sociale et de la gendarmerie en dénombrent plus de 100 ports entre 2007 et 2008.Les porteurs sont tellement convaincus de leurs pratiques que des sages ont même franchi le Rubicond en allant demander l’autorisation à la gendarmerie et à la police pour pouvoir pratiquer ce rite en toute liberté et se faire justice. Le procureur du Faso, Etienne Yé suggère “ le bâton et la carotte ” – la sensibilisation avant la répression - pour freiner cette pratique. Se voir désigner et qualifier de mangeuses d’âmes a des conséquences graves sur la vie des présumées. La plus probable est le choix pour les accusées de se suicider. Les chiffres sont effarants et troublants : trente-six (36) pendaisons par an. “C’est ma première fois dans une juridiction de constater un taux aussi élevé de suicides par pendaison ou par noyade dans un puit. C’est très fréquent. Au minimum une à deux pendaisons par mois”, indique le procureur du Faso. Des sources proches de la gendarmerie et de la police ajoutent que la seule ville de Yako enregistre 5 à 6 pendaisons par mois.

Des suicides en cascades

Les autres départements de Arbollé, Gomposom,Tema-Bokin et la province voisine du Kourwéogo à travers son chef-lieu Boussé, détiennent la sinistre palme de pendaisons. “ Souvent nous sommes obligés de faire appel aux rites coutumiers pour exorciser cette propension à se pendre. Cependant la situation reste préoccupante et catastrophique. Le nombre de pendaisons est très élevé. Il y a des pendus qu’on découvre 3 jours après. Il est difficile de mettre fin au phénomène de pendaison dans ces localités”, avoue une source policière anonyme. Cette même inquiétude face à un phénomène grandissant est ressentie chez le haut-commissaire du Passoré, Lamourdia Thiombiano :“ Le phénomène des pendaisons est très important car les statistiques font frémir ”.
Le nombre des pendaisons a atteint un seuil critique qui échappe à la compréhension des acteurs judiciaires. “ Je demande toujours à mes collègues si nous n’allons pas finir nous aussi par nous pendre. Il y a beaucoup de procès-verbaux de cas de pendaisons dans nos tiroirs”, craint le procureur. Le haut-commissaire, déboussolé par le phénomène, a entrepris une tournée de sensibilisation dans les neuf départements de la province. A peine rentrés de ce périple, les gardiens de la coutume ont chassé dix femmes accusées de mangeuses d’âmes. La psychose s’est encore emparée de la localité. “Il est très difficile de trouver une formule magique pour arrêter le phénomène. C’est un combat de longue haleine à travers la sensibilisation et la répression. De ce fait, il ne faut pas s’attendre à l’éradication rapide du phénomène à Yako ”, avertit le haut-commissaire.

La persistance du phénomène effraie à la fois les acteurs judiciaires et les forces de l’ordre. La gendarmerie a même spécialement affecté un agent investi uniquement de la délicate mission d’œuvrer à l’arrêt de ces tragédies humaines. Ce fut peine perdue. Le pandore spécial, combattant la sorcellerie et les suicides, a vite déchanté : “ Le problème dépasse les compétences d’un seul gendarme quelle que soit sa bonne volonté. Tous les matins, lorsque je me réveille, la première des choses est de demander au bon Dieu d’intervenir par miracle pour que je quitte Yako”. Sans même être accusés de sorcellerie, des individus optent pour des raisons totalement inconnues de mettre fin à leur vie. L’une des anecdotes tristes sur les cas de pendaison est celle d’un jeune qui s’est ôté la vie par pendaison lors de sa nuit de noces, alors qu’on l’attendait pour aller chercher la mariée.

Selon Eloi Adama Kara, attaché de santé au service de psychiatrique de l’hôpital de Yako, les tentatives de suicide sont fréquentes. Les statistiques hospitalières montrent qu’en 2007 et 2008, 102 cas pour 900 consultations. Il présente cette dérive humaine comme un phénomène contagieux au plan social qui pourrait devenir un problème de santé publique dans la localité . De sources concordantes, lorsque l’on est accusé de sorcellerie, la seule alternative possible est d’aller se jeter dans un puits tristement célèbre, situé à Songnaaba, à une dizaine de kilomètres de Yako. Les tombes des suicidés autour du trou témoigne de toute la gravité de la situation.

Le visage féminin de l’exclusion sociale Outre la sorcellerie, les raisons des rejets sociaux demeurent les infractions aux coutumes comme le meurtre par sorcellerie, les cas d’inceste, la zoophilie (faire l’amour avec un animal) et l’adultère.

A Yako, l’exclusion sociale a un visage féminin. L’étude du Pr Albert Ouédraogo , sur les personnes rejetées confirme que l’exclusion pour cause de sorcellerie concerne essentiellement les femmes, accusées de sorcellerie. Elles représentent 98% contre 2% pour les hommes. La plus jeune femme exclue a 55 ans et la plus âgée 100 ans, toutes pensionnaires des centres d’accueil de Tema-Bokin et de Yako. La durée du séjour dans ces sites se situe entre 2 mois et 30 ans. Il n’est pas facile d’être exclu(e) social(e). Face à l’ampleur de la situation, les femmes ont décidé de se défendre. Des voix se sont élevées pour interpeller les leaders d’opinion, les autorités politiques, coutumières et religieuses à une prise de conscience. Sont de celles-là, la coordination des associations féminines du Passoré qui menace de marcher, si rien n’est fait, afin de montrer son ras-le-bol contre une pratique dégradante à l’égard de milliers de femmes.

La commune rurale de Tema-Bokin à 55 Km de Yako semble détenir la flamme du port de cadavre. La vie dans cette cité est rythmée de pendaisons, suicides, mariages forcés, incestes, tentatives d’élimination etc. Pour attaquer ces maux, le maire Ernest Nongma Ouédraogo envisage les jours à venir une session du conseil municipal consacrée à une réflexion en vue de dégager des pistes pour lutter contre ces phénomènes sociaux. “ Nous sommes conscients de la situation. Ces pratiques ont la peau dure dans notre commune.
Elles ont pris de l’ampleur ces dernières années ”, a-t-il reconnu. Pour le bourgmestre, l’existence d’un centre d’accueil semble conforter les bourreaux dans leur élan de chasser sans scrupule les personnes accusées de sorcellerie car ils se disent qu’il y a un logis pour les accueillir. Les centres d’accueil et les maisons de solidarité deviennent des auspices ou un asile de retraite et constituent alors un salut pour ces pauvres vieilles. Ces demeures communautaires et collectives sont loin d’être un havre de paix pour ces exclues sociales traumatisées et hantées par les regards et les sévices accusateurs. L’exclusion sociale due à la sorcellerie est si réelle que l’Eglise catholique s’est vue obliger d’intervenir pour recueillir les victimes et leur éviter la mort par suicide. Seulement, cette œuvre salvatrice s’étouffe sous le nombre impressionnant des pensionnaires. Du coup, les aides à l’endroit des femmes sont devenues sporadiques, selon les résultats de l’enquête réalisée en 2006. Actuellement douze accusées vivent au centre missionnaire de Yako, 42 à Tema-Bokin.

Jean-Victor OUEDRAOGO (Ouedraogo _ jeanvictor@ yahoo.fr)

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Bonne lecture!

samedi 8 février 2014

Bassékou Kouyaté

Bassekou Kouyaté est un musicien malien, né en 1966 dans un village appelé Garana à environ 60 km de Ségou. C'est un joueur de n'goni, un instrument traditionnel.
Bassekou Kouyaté a formé un groupe de ngonis heros avec qui il a enregistré deux albums, Segu Blue et I Speak Fula1
Bassekou Kouyaté et son groupe Ngoni ba.... (Photo : Thomas Dorn)

Discographie[modifier | modifier le code]

  • 2007 : Segu blue
  • 2009 : I Speak Fula
  • 2013 : Jama Ko (Bassekou Kouyaté & Ngoni Ba)





Critique de son dernier Album par Lapresse

Bassékou Kouyaté est joint à Chicago. Lorsque le téléphone sonne à sa chambre d'hôtel, on se les y gèle comme à Montréal. Méchant contraste pour ce virtuose qui, l'avant-veille, était sous le soleil de Bamako ! La pire période pour un Malien en tournée nord-américaine ? Un rire sonore a tôt fait de traverser le Midwest pour atteindre le combiné montréalais. Nenni, il n'en fait pas de cas.






En plus d'être d'un commerce fort agréable, notre interviewé est un grand maître du n'goni, sorte de luth traditionnel, de surcroît un instrument central de la musique malienne et l'un des plus importants en Afrique de l'Ouest. 
Lancé sous étiquette Out/Here, son album Jama Ko doit être considéré comme l'un des meilleurs de l'entière production africaine en 2013. À la fois traditionnel et moderne, traversé par le blues et le rock.
On sait que les racines du blues sont enfouies dans la région subsaharienne, on sait aussi que l'esprit rock se réclame du blues originel, et voilà ce retour au bercail après des siècles d'exode.
À l'écoute de Jama Ko, cela tombe encore sous le sens. Les n'gonis y sont immergés de distorsion, l'expression traditionnelle s'en trouve transformée et revivifiée. « C'est normal», dit Kouyaté d'une voix grave et dont les R roulés à l'africaine sont invariablement majuscules.
Ce vent de saturation est montréalais, faut-il souligner : gracieuseté de Howard Bilerman, un des incontournables de l'Hotel2Tango, un de nos meilleurs.  Rappelons qu'il a enregistré et/ou réalisé des opus d'Arcade Fire, Godspeed You! Black Emperor, Thee Silver Mt.Zion, Coeur de Pirate ou, tout récemment, L'été de Philémon.
« Venu à Bamako, Howard m'a convaincu d'enregistrer différemment. "Toi et ton groupe jouez très bien mais laisse-moi en créer le son. Laisse-moi faire mon travail", me disait-il au départ. Franchement, je croyais que ça ne marcherait pas avec tant de distorsion. Le changement serait trop grand. On a essayé, et ça a marché. Très bien!  Sur scène? Ça dépend des amplis. Ce n'est pas encore comme en studio mais ça va. »
Une avancée dans le son malien voire le son africain ? Bassékou le croît.
« Mes ancêtres sont restés dans le folklore pendant des siècles. Les générations nouvelles de la musique malienne sont  modernes, elles doivent suivre le monde entier qui ne cesse de changer.»
Pas trop, tout de même. Bassékou Kouyaté est issu d'une très longue lignée de griots bambaras - caste de musiciens, conteurs et gardiens de la culture - il croit toujours à ce rôle ancestral qui lui est attribué. « Le griotisme, insiste-t-il, existe depuis des siècles. Avant la naissance de Jésus-Christ!  Toutes les musiques maliennes ont été entretenues par le griotisme.»
Ainsi, le musicien maîtrise parfaitement sa tradition et c'est la seule et unique condition qui lui permet d'en transgresser les règles patrimoniales. 
« Le n'goni, explique-t-il, est un très vieil instrument. Mon père, grand-père et arrière-grand-père le jouaient plus ou moins de la même façon. Moi, j'en ai favorisé le rayonnement international, j'en ai changé le jeu et la lutherie. Mon père jouait le n'goni à quatre cordes, mon grand-père jouait le n'goni à trois cordes. Aujourd'hui, il se trouve des ngonis qui peuvent compter entre sept et neuf cordes. Cette amélioration de l'instrument permet aux joueurs s'adapter à plusieurs styles - jazz, world, musique classique occidentale, etc. Devenu moderne, le n'goni a changé; il peut couvrir plusieurs tonalités.  Il existe désormais différentes variétés de l'instrument : certains remplacent la basse électrique, d'autres couvrent des registres plus étendus. J'y suis pour quelque chose.»
Bassékou Kouyaté peut le prétendre. 
«Aujourd'hui, se réjouit-il, la connaissance harmonique des musiciens maliens est plus grande. Ils ont gagné en précision et en rapidité, ils sont ouverts aux musiques d'ailleurs. Grâce à Howard Bilerman, la distorsion apporte aussi quelque chose de neuf au son malien. Il ne faut donc jamais cesser d'innover.»
Force est de déduire que Bassékou Kouyaté est à la fois porteur de tradition et acteur du changement. Il en est de même dans la vie familiale. Le musicien est marié à l'excellente chanteuse Amy Sacko, excellente chanteuse malienne avec qui il a eu quatre enfants. Sa tendre moitié et deux de leurs fils, Mamadou et Moustafa, se produisent au sein de Ngoni Ba. Moustafa, d'ailleurs a travaillé avec Romain Malagnoux, auteur-compositeur-interprète français établi au Québec et fan fini de musique africaine de l'Ouest. De cette collaboration, de cette amitié, résulte l'album Les frontières imaginaires, dont la matière sera jouée ce dimanche à La Tulipe, en première partie du concert de Ngoni Ba.
« Il a passé beaucoup de temps au Mali, il a rencontré mon fils, fait un album où ma femme et moi-même avons participé. Vous savez, mous avons une très bonne connexion avec le Québec. J'adore!  On parle français chez vous, les gens sont très gentils. Même mon ingénieur du son et gérant de tournée, vient de Montréal. Je suis à l'aise avec les Québécois, j'y suis venu très souvent.»
Prêts pour un sommet Mali-Québec?
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NOTE INFRA : 
Ce dimanche à La Tulipe, 20h30, les Productions Nuits d'Afrique présentent Bassekou Kouyaté et son groupe Ngoni Ba :  Bassekou Kouyaté (n'goni solo), Amy Sacko (voix), Moustafa Kouyaté (n'goni basse), Abou Sissoko: (n'goni medium), Mahamadou Tounkara (yabara, tama), Moctar Kouyaté (calebasse). Ngoni Ba sera précédé par le spectacle de Moustafa Kouyaté (djeli n'goni, chant), Romain Malagnoux (guitare classique, guitare folk, chant), Tapa Diarra (chant), Marc Fournier (basse électrique), Lasso Sanou (calebasse, tamani, flute peulh).

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Bonne lecture!