mercredi 24 juillet 2013

Mon Afrique

Comme beaucoup d'entre nous, j'ai eu une enfance moins facile.  Et je rêvais d'une grande famille pleine de vie, d'entraide, de rire et de bonté.  A l'âge de 10 ans, j'ai eu une révélation que cette famille se trouvait sur un autre continent.  Un continent noir, pauvre, mais souriant et solidaire.  Et j'ai tracé mes plans de vie sur cette vision, bien loin de vision mondiale ou des autres;  je cherchais ma rédemption.

Je ne sais pas si j' étais naïve, ou obnubilée par la beauté de ces femmes altières marchant droites sous le soleil accablant, par ces danses vivantes, ces sourires, ces accueils, cette chaleur qui ne se calcule pas qu'en Celsius.  J'y ai cru.  Longtemps.  Près de 10 ans après ma première immersion.  J'ai même, je l'avoue, un peu craché sur ma propre culture, que je jugeais égoïste, froide, insensible.

ET puis un jour, j'ai du fermer les yeux sous un grand coup de vent qui m'a laisse l'impression tenace de grains de sable sous les paupières.  Et quand je les ai rouverts, ma vision avait été salement égratignée.  On fait quoi quand on a bâti sa vie sur un rêve de gentillesse, de générosité, de pureté, pour se rendre compte un matin qu'il y avait un tout autre tableau derrière le premier?  Un tableau plus près de la réalité, ou l'humain est resté humain, peu importe sa culture.  On connaît l'humain, il est capable du meilleur comme du pire. 

J'avais passé 8 ans a vouloir ne voir que ce qui me chantait et ignoré le reste.  Mais le pire était la, bien tapi.  Plus policé, souriant, coloré.  Pire quoi...

J'ai eu dans la dernière année une colère intense envers ce continent qui ne répondait plus a mes attentes.  Macho, arnaqueur, hypocrite, et trop souvent défaitiste.  Et je ne pouvais pas blâmer le fameux choc culturel.  je connais trop le Burkina, sa culture, ses coutumes.  J'avais simplement mis ma tète dans le sable du Sahara et je la ressortais en mélangeant tout: le village et l'ami, le pays et le mari.  J'en voulais a tous de m'avoir déçue.

Mais ne se sort pas qui le veut l'épine de l'Afrique du cœur.  Pas après 23 ans d'attente, d'étude, d'espoir.   Même en colère, je ne pouvais me détacher.  J'étais incapable de laisser tomber.  C'est un trop gros morceau de ma vie.

Alors je me suis remise en question: n'en avais-je tout simplement pas trop demandé?  Est-ce que l'Afrique devait absolument tout me donner et me prendre;  Devais-je aussi tout prendre et ne rien oublier de donner?  Avais-je vraiment le droit de vivre en innocente et de prêter flanc a tous les comportements malhonnête?  N'étais-je pas la première responsable de ma survie?  Est-ce qu'aimer signifiait refuser de voir la mauvais part des choses?

Tout ce que j'ai aimé existe toujours.  Et le pire a toujours été là aussi.  J'ai décidé de vivre les premiers et d'essayer de me faire piéger le moins possible par le reste.  D'être alerte.  Un peu plus Wise.  Et puis quand même, l'Afrique e l'a quand même donnée cette famille: mon fils Abrahim, mon mari et sa famille, Aïssa, Moussa, Alpha, Alima, REVS.  J'aime ces gens du fond du cœur et ils sont vraiment une partie énorme de ma vie.  Me fâcher contre l'Afrique, quand je pense à eux, à tous ces beaux moments, à toutes leurs générosités, leur accueil, leur solidarité, ca n'a aucun sens.  Je n'aime plus l'Afrique.  J'aime mes amis africains, mon fils africain, mon mari africain;  Et eux, ils ont un sens.


Vous voulez en apprendre plus sur le Burkina ou l'auteure du blog?  Vous pouvez vous procurer son roman " Seul le poisson mort se laisse porter par le courant " sur www.evelavigne.comwww.smashwords.com/books/view/749075, Amazon, iTunes, Kobo et tous les autres grands distributeurs.

Bonne lecture!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire